GOOSSE, La Nouvelle
Orthographe, Paris, Duculot, 1991, p.4
Z. Oldenbourg (L'Express,
nº1728, 24-8-1984, p.21)
JL Chiss, C Puech, "La
linguistique et la question de l'écriture", Langue
française nº59, p.11
N Catach, "Fonctionnement
linguistique et apprentissage de la lecture", Langue
française nº80, p.15
M Arrivé, "La Danois
aux prises avec la substance de l'encre", Langue française
nº59, p.29
A Martinet, "Langue
parlée et code écrit", dans J Martinet, De la
théorie linguistique à l'enseignement de la langue,
Paris, PUF, 1974, p.75-76
TÉMOIGNAGES SUR LA
RÉFORME DE L'ORTHOGRAPHE (L'École libératrice
n° 19, du 20 février 1988):
TEXTES EN ORTHOGRAPHE
HISTORIQUE
Les
textes
1
La grande place donnée aux textes écrits dans
notre système éducationnel,
phénomène qui s'accentue au fur et à
mesure que l'on franchit les degrés de l'apprentissage,
contribue très souvent à nous faire croire qu'une
langue s'identifie à son code graphique (son
système d'écriture). Mais il est évident
qu'une langue vivante se présente essentiellement comme
une combinaison de sons. Ceci est important non seulement pour
I'étude des langues étrangères (ce que
chacun admet assez facilement) mais aussi pour celle de notre
propre idiome (ce qui nécessite une prise de conscience
beaucoup plus difficile à obtenir qu'on ne le croit
généralement). Dans cet effort de renouvellement
des perspectives, l'alphabet phonétique joue un
rôle non négligeable. Il obéit à un
principe simple: à chaque son différent d'une
langue correspond, dans un système de transcription
arbitraire, un signe graphique différent. Chaque couple
son/graphe ainsi créé de toutes pièces
constitue donc une relation univoque (un son est toujours
traduit de la même façon) réciproque (son
ÁË signe écrit) que l'on pourrait appeler
bi-univoque et énoncer simplement de la sorte: «un
seul signe pour chaque son, un seul son pour chaque
signe». Un exemple pris dans notre langue (où
l'orthographe, comme on le sait, est loin d'être
phonétique) fera mieux comprendre à quelles
difficultés se heurte un étranger qui
désire passer de la lecture visuelle d'un lexème
à sa réalisation orale et, par contrecoup,
I'utilité d'un tel outil de travail. Choisissons un mot
simple comme soir. Deux lettres dites «voyelles» o et
i doivent être interprétées comme
constitutives d'un groupe graphique de deux signes (digramme)
où le o «représente» tout autre chose
que dans port et le i tout autre chose que dans cil. De
même la graphie x, autre exemple, connaît des
réalisations différentes dans taxi, hexagone,
soixante, sixième. Multiplier les raisonnements de cet
ordre serait facile et montrerait à quel point il est
malaisé de maîtriser un système aussi
complexe, et donc nécessaire de recourir à un
instrument simplificateur, surtout si celui-ci peut s'appliquer
à toutes Ies langues.
JL CHISS, "Linguistique française, initiation
à la problématique structurale", Paris, Hachette,
1977, p.77
2
Le courant idéologique moderne favorise les
particularismes régionaux et la notion de norme comme
celle de français standard est de plus en plus
attaquée. Le récent dictionnaire de la
prononciation du français contemporain d'André
Martinet et Henriette Walter vient renforcer la notion de
relativité d'un français standard, puisque leur
enquête les amène, pour un même sociolecte
parisien, à trouver parfois jusqu'à 17
prononciations différentes pour un même mot. Il
n'empêche que le concept de modèle standard
envisagé comme l'usage le plus fréquent du parler
de plus grand prestige et de plus grande extension continue de
vivre et de prospérer. Jamais la standardisation de la
prononciation française n'a fait autant de
progrès. Toutes les grandes villes de France alignent
leur prononciation sur ce même modèle standard et
les mass media et les incessants mouvements de population le
propagent. Le réalisme pédagogique veut que l'on
continue à proposer un modèle d'apprentissage
aussi simple que possible. La diversification des
réalisations s'effectuera d'elle-même selon le
contexte humain auquel on aura affaire. Ce serait
mésestimer les étudiants que de leur proposer des
modèles trop étroits auxquels les usagers locaux
eux-mêmes tentent d'échapper. Ce serait enfin les
induire en erreur que de leur proposer une multipIicité
de variantes relevant de micro-systèmes
différents.
P LEON, "Prononciation du français standard", Paris,
Didier, 1966, p.10
3
Il y a un grand nombre de prononciations différentes
sur tout le territoire français (voir: Martinet, La
prononciation du français contemporain). Mais, à
côté de toutes les variantes possibles, il existe
une norme standard, définie par de nombreux
traités de prononciation (voir par exemple: P.
Fouché, Traité de prononciation
française). Cette norme est souvent
interprétée d'une façon trop rigide par
les étudiants étrangers qui perdent leur temps
à apprendre des subtilités au lieu de corriger
l'essentiel de leur accent d'abord. C'est pourquoi il nous a
paru nécessaire de tenir compte à la fois du
modèle idéal du «bon usage» mais aussi
des latitudes acceptées par tous les sujets
parlants.
P LEON, "Prononciation du français standard", Paris,
Didier, 1966, p.4