Dom Juan, Acte I, scène 2

 

1.Présentation:

 

-Début effectif de la pièce: il y a des nouveautés. Beaucoup d'éléments nouveaux.

-Rotation des personnages: sortie de Gusman, entrée de DJ. Effet de cette rotation? Incompatibilité de l'angélique et du démoniaque.

-Importance de l'entrée en scène de DJ: confirmation ou non du portrait de la scène précédente.

-Première confrontation DJ/SG: le valet est-il différent en présence de son maître? SG est-il le même en l'absence de DJ? Quelle différence? Il perd son bon-sens devant son maître. Rapport maître/esclave.

-Le dialogue DJ/SG montre que SG est le miroir de son maître:

Complice? Coupable, comme son maître?

Homme de confiance, homme de main, homme de paille?

Confident (celui à qui l'on confie un secret)?

Témoin (fonctionne comme présence permettant le dialogue)? SG, c'est nous, spectateurs, c'est notre regard.

 

2.Intêret de la scène

 

 

DJ et la morale libertine.
-La contestation sociale. Destruction de la famille et du mariage. Mise en cause de la société et des classes.

-Une morale de l'homme opposée à une morale divine: le plaisir de trangression sociale et sentimentale. L'instinct contre l'éthique.

-Le donjuanisme: le libertinage en amour. La théorie de la séduction: stratégie de conquête et mort du sentiment. Comportement immoral ou comportement pathologique? Le donjuanisme est considéré comme une manie, une maladie mentale. Mais DJ n'a pas l'air fou!

Mépris pour la femme, affiché par Molière misogyne: le statut de la femme à l'époque classique: matière première du libertin, esclave d'une société mâle. 'Classique' et 'féminin' sont antithétiques. La beauté est mâle. (Cf les oeuvres classiques sont masculines, l'esthétique est rigoureuse, géométrique, cérébrale, ennemie du sentiment et de la vitalité, de la maternité, etc)

 

 

 
Quatre types:

-libertinage moral: le donjuanisme. Les plaisirs de la vie. Epicurisme. Attitude aristocratique.

-libertinage social: la contestation sociale, la lutte contre la société des Louis. La révolte contre le statu quo du Grand Siècle. Lutte pour le liberté individuelle. Refus des apparences sociales. Affirmation de l'individu.

-libertinage scientifique: la libre pensée, l'esprit critique, ancêtre de la science et du positivisme. Le scepticisme comme système philosophique. Toute pensée systématique non fondée sur la Bible est libertine.

-libertinage religieux: le plus grave, unanimement condamné par la société classique. Porte ouverte à l'athéisme. Libertinage et protestantisme sont confondus par leurs ennemis. Mais le libertinage condamne toute religion, toute forme de dogme. Pour les libertins, Dieu n'existe pas, le ciel est vide, l'homme est Dieu. Libertins comme ancêtres des Lumières.

Nombreuses condamnations, exécutions en public (Bruno, Petit).

Exemples de libertins notoires: Gassendi (prof de Molière), Théophile de Viau, Tristan l'Hermite, Cyrano de Bergerac (le vrai), Molière.

(Cf la théorie matérialiste de Gassendi, qui reprend l'atomisme grec.)

Double origine des libertins: la philosophie classique venue d'Italie (Bruno, Vanini) qui met à la mode Epicure et la philosophie paienne et la tradition sceptique française, illustrée par Montaigne.

Le courant libertin commence à la fin de la Renaissance et se prolonge jusqu'aux Lumières. Il n'y a pas de grande oeuvre libertine, sauf peut-être Dom Juan de Molière.

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Last modified: 21-Mar-00