-
- Quelques
sketches de
- Raymond
Devos
-
-
- Les Antipodes
- Dégoûtant
personnage
- Sans dessus dessous
- Je me suis fait tout seul
- Félicité
- Je suis un
imbécile
- Jésus revient
- Ça n'arrive qu'à
moi!
- Matière à
rire
- Les parcmètres
- Le flux et le reflux
- En dernier ressort
- Parler pour ne rien dire
- Tout va trop vite
- Le visage en feu
-
- Les
Antipodes
-
- On pourrait en pousser des cris
d'alarme, à propos de pas mal de choses!
- Parce qu'il s'en passe, des choses,
dans le monde! . . .
- Vous avez vu que les Russes avaient
découvert l'antimatière . . .
- Vous savez ce que c'est que
l'antimatière? . . .
- C'est le contraire de la
matière.
- Oh! ce n'est pas nouveau, je sais! .
. .
- De tout temps, chaque chose a eu son
"anti".
- Exemple:
- Un muet, c'est un
antiparlementaire.
- Un athée, c'est un
antimoine.
- Un croyant, c'est un
antiseptique.
- Les Arabes du Caire sont
antisémites,
- et les sémites sont
anti-Caire.
-
-
- Dégoûtant
personnage
-
- Il est curieux! Ce type
- Il est curieux!
- Tout à l'heure, dans la rue,
je regardais passer une
- jolie femme . . .
- Il la regardait aussi!
- La même!
- Je lui ai dit:
- - A quoi pensiez-vous en regardant
cette jolie femme?
- Il m'a dit:
- - A la même chose que
vous!
- Je lui ai dit:
- - Vous êtes un
dégoûtant personnage!
-
-
- Sans dessus
dessous
-
- Actuellement,
- mon immeuble est sens dessus
dessous.
- Tous les locataires du
dessous
- voudraient habiter
au-dessus!
- Tout cela parce que le
locataire
- qui est au-dessus
- est allé raconter par en
dessous
- que l'air que l'on respirait à
l'étage au-dessus
- était meilleur que celui que
l'on respirait
- à l'étage en
dessous!
- Alors, le locataire qui est en
dessous
- a tendance à envier celui qui
est au-dessus
- et à mépriser celui qui
est en dessous.
- Moi, je suis au-dessus de
ça!
- Si je méprise celui qui est en
dessous,
- ce n'est pas parce qu'il est en
dessous,
- c'est parce qu'il convoite
l'appartement
- qui est au-dessus, le
mien!
- Remarquez . . . moi, je lui
céderais bien
- mon appartement à celui du
dessous
- à condition d'obtenir celui du
dessus!
- Mais je ne compte pas trop
dessus.
- D'abord parce que je n'ai pas de
sous!
- Ensuite, au-dessus de celui qui est
au-dessus,
- il n'y a plus
d'appartement!
- Alors, le locataire du
dessous
- qui monterait au-dessus
- obligerait celui du
dessus
- à redescendre en
dessous.
- Or, je sais que celui du dessus n'y
tient pas!
- D'autant que, comme la femme du
dessous
- est tombée amoureuse de celui
du dessus,
- celui du dessus n'a aucun
intérêt à ce que
- le mari de la femme du
dessous
- monte au-dessus!
- Alors, là-dessus
...
- quelqu'un est-il allé raconter
à celui du dessous
- qu'il avait vu sa femme bras
dessus,
- bras dessous avec celui du
dessus?
- Toujours est-il que celui du
dessous
- l'a su!
- Et un jour que le femme du
dessous
- était allée rejoindre
celui du dessus,
- comme elle retirait ses dessous
...
- et lui, ses dessus ...
- soi-disant parce qu'il avait trop
chaud en dessous ...
- Je l'ai su .. parce que d'en
dessous,
- on entend tout ce qui se passe
au-dessus ...
- Bref! Celui du dessous leur est
tombé dessus!
- Comme ils étaient tous les
deux soûls,
- ils se sont tapés
dessus!
- Finalement, c'est celui du
dessous
- qui a eu le dessus!
-
-
- Je me suis fait tout
seul
-
- Mesdames et messieurs ... je vous
signale tout de suite que je vais
- parler pour ne rien dire.
- Oh! je sais!
- Vous pensez:
- <<S'il n'a rien à dire
... il ferait mieux de se taire!>>
- Evidemment! Mais c´est trop
facile! ... C´est trop facile!
- Vous voudriez que je fasse comme tout
ceux qui n´ont rien à
- dire et qui le garde pour
eux?
- Eh bien, non ! Mesdames et messieurs,
moi, lorsque je n´ai rien
- à dire, je veux qu´on le
sache!
- Je veux en faire profiter les
autres!
- Et si, vous-mêmes, mesdames et
messieurs, vous n´avez rien à dire,
- eh bien, on en parle, on en
discute!
- Je ne suis pas ennemi du
colloque.
- Mais, me direz-vous, si on en parle
pour ne rien dire, de quoi
- allons-nous parler?
- Eh bien, de rien! De
rien!
- Car rien ... ce n´est pas
rien
- La preuve c´est qu´on peut
le soustraire.
- Exemple:
- Rien moins rien = moins que
rien!
- Si l´on peut trouver moins que
rien c´est que rien vaut déjà
- quelque chose!
- On peut acheter quelque chose avec
rien!
- En le multipliant
- Un fois rien ... c´est
rien
- Deux fois rien ... ce n´est pas
beaucoup!
- Mais trois fois rien! ... Pour trois
fois rien, on peut déjà acheter
- quelque chose! ... et pour pas
cher!
- Maintenant, si vous multipliez trois
fois rien par trois fois rien :
- Rien multiplié par rien =
rien.
- Trois multiplié par trois =
neuf.
- Cela fait rien de neuf!
- Oui ... Ce n´est pas la peine
d´en parler!
- Bon! Parlons d´autres choses!
Parlons de la situation, tenez!
- Sans préciser
laquelle!
- Si vous le permettez, je vais faire
brièvement l´historique de la
- situation, quelle qu´elle
soit!
- Il y a quelques mois, souvenez-vous
la situation pour n´être pas
- pire que celle
d´aujourd´hui n´en était pas meilleure
non plus!
- Déjà, nous allions vers
la catastrophe nous le savions ...
- Nous en étions
conscients!
- Car il ne faudrait pas croire que les
responsables d´hier étaient
- plus ignorants de la situation que ne
le sont ceux d´aujourd´hui!
- Oui! La catastrophe, nous le
pensions, était pour demain!
- C´est-à-dire qu´en
fait elle devait être pour aujourd´hui!
- Si mes calculs sont
justes!
- Or, que voyons-nous
aujourd´hui?
- Qu´elle est toujours pour
demain!
- Alors, je vous pose la question ,
mesdames et messieurs:
- Est-ce en remettant toujours au
lendemain la castastrophe que nous
- pourrions faire le jour même
que nos l´éviterons? D´ailleurs
je,
- vous signale entre parenthèses
que si le gouvernement actuel n´est
- pas capable d´assurer la
catastrophe, il est possible que
- l´opposition s´en empare
!
-
-
- Félicité
-
- Il y a des expressions
curieuses!
- Hier au soir,
- en sortant de
scène,
- un monsieur me dit:
- - Je me félicite de votre
succès!
- Je lui dit:
- - . . . Mais . . . vous n'y
êtes pour rien!
- Et puis,
- à la
réflexion,
- je me suis dit qu'il y
était
- tout de même pour quelque
chose!
- Alors, j'ai
rectifié.
- Je lui ai dit:
- - Monsieur . . . je vous
félicite de mon succès!
-
-
- Je suis un
imbécile
-
- Dernièrement,
- j'ai rencontré un
monsieur
- qui se vantait d'être un
imbécile.
- Il disait:
- - Je suis un
imbécile!
- Je lui ai dit:
- - Monsieur ... c'est vite
dit!
- Tout le monde peux dire:
- "Je suis un
imbécile!"
- Il faut le prouver!
- Il m'a dit:
- - Je peux!
- Il m'a apporté les
preuves
- de son
imbécillité
- avec tellement
- d'intelligence et de
- subtilité
- que je me demande
- s'il ne m'a pas pris
- pour un imbécile!
-
-
- Jésus
revient
-
- Je viens de lire sur un mur une chose
étonnante.
- Quelqu'un avait
écrit:
- <<Jésus
revient.>>
- C'était en toutes
lettres:
- <<Jésus
revient.>>
- Vous vous rendez compte
- Jésus!
- C'est important!
- Jésus!
- C'est le ciel!
- Et les gens passaient à
côté... indifférents:
- - Tiens! Jésus
revient?
- Il y a même qui faisaient des
réflexions désobligeantes:
- - Eh bien, il a mis du
temps!
- Et, poutant, si c'était
vrais?
- Si Jésus revenait?
- Ce serait merveilleux!
- <<Jésus
revient.>>
- Il est là!
- Où?
- Là!
- <<Ah! c'est vous? Mon
Dieu!>>
- Je ne vous avais pas
reconnu!
- Si j'ai entendu parler de
vous?...
- Pensez!...
- Quand j'était petit, on me
parlait toujours du petit Jésus.
- Le petit Jésus!
- Je vous voyais tout
petit!
- Et tout à coup, je
découvre... un grand Seigneur!
- - Devinez qui vient dîner ce
soir?
- Vous me voyez devant la porte de ma
demeure,
- annonçant la nouvelle à
travers le judas?
- - Devinez qui vient dîner ce
soir?
- - Je vous le donne en mille :
Jésus!
- - Mais non!
- - Mais si!
- Vous vouyez d'ici la
(S)Cène
- . . .
- Il voudrait peut-être mieux ne
pas raviver la Passion!
-
-
- Ça n'arrive
qu'à moi!
-
- Les gens disent tous la même
chose!
- Ils disent tous, lorsqu'il leur
arrive quelque chose:
- <<Ça n'arrive
qu'à moi!>>
- De temps en temps, il y en a un
à qui il n'arrive
- rien, qui ne dit pas comme tout le
monde.
- Il dit <<Ça n'arrive
qu'aux autres!>>
- Parce qu'il a entendu les autres
dires:
- <<Ça n'arrive
qu'à moi!>>,
- il croit que ça n'arrive
qu'à eux (aux autres)!
- Alors que peut-être, il n'y a
qu'à lui que ça arrive
- de penser que ça n'arrive
qu'aux autres!
- Encore que lorsqu'il s'en
aperçoit,
- il dit comme les autres:
- <<Ça n'arrive
qu'à moi!>>
- Cela m'est arrivé ... à
moi!
- Alors, si cela vous arrive
...
- je veux dire, si vous faites partie
de ceux qui,
- comme moi, disent: <<Ça
n'arrive qu'aux autres!>>
- posez-leur la question, aux
autres!
- <<Qu'est-ce qui vous
arrive?>>
- Ils vous répondront tous la
même chose:
- <<Nous ne savons pas ce qui
nous arrive,
- mais ça n'arrive qu'à
nous!>>
- Par contre, si vous faites partie des
autres,
- de ceux qui disent: <<Ça
n'arrive qu'à moi!>>
- posez-vous la question ... à
vous:
- <<Qu'est-ce qui
t'arrive?>>
- Et vous verrez que ce qui vous arrive
...
- c'est ce qui arrive aux
autres!
- C'est ce qui arrive à tout le
monde!
- Et vous concluerez comme
moi,
- par cette petite phrase
sibylline:
- <<Ce qui n'arrive qu'aux
autres
- n'arrive qu'à moi
aussi!>>
- Et vous vous sentirez
solidaire!
-
-
- Matière à
rire
-
- Vous savez que j'ai un esprit
scientifique.
- Or récement, j'ai fait une
découverte bouleversante!
- En observant la matière de
plus près ...
- j'ai vu des atomes ...
- qui jouaient entre eux
...
- et qui se tordaient de
rire!
- Ils s'esclaffaient!
- Vous vous rendez compte
...
- des consésequences
incalculables que cela peut avoir?
- Je n'ose pas trop en parler,parce que
j'entend d'ici les savants!
- - Monsieur, le rire est le propre de
l'homme!
- Eh oui! ...
- Et pourtant!
- Moi, j'ai vu, de mes yeux vu
...
- des atomes qui : <<Ha, ha,
ha!>!>
- Maintenant, de quoi
riaient-ils?
- Peut-être de moi?
- Mais je n'en suis pas
sûr!
- Il serait intéressant de le
savoir.
- Parce que si l'on savait ce qui amuse
les atomes,
- on leur fournirait matière
à rire . . .
- Si bien qu'on ne les ferait plus
éclater que de rire.
- Et que deviendrait la fission
nucléaire?
- Une explosion de joie!
-
-
- Les
parcmètres
-
- Les parcmètres, c'est une
tricherie!
- Vous savez que ça rapporte une
fortune aux pouvoir publics?
- Une fortune!
- Je le sais parce que mon
voisin
- s'est fait installer un
- petit parcmètre clandestin
devant chez lui . . .
- Tous les soirs, il va retirer la
recette . . .
- Il vit bien!
- Il s'est même acheté une
voiture!
- Evidemment, il l'a mise
devant
- son parcmètre.
- Depuis, il ne fait plus un
rond.
- Mais ça, c'est de sa
faute!
-
-
- Le flux et le
reflux
-
- Cet été, sur la
plage,
- Il y avait un monsieur qui
riait!
- Il était tout
seul,
- Il riait! Il riait! Ha, ha,
ha!
- Il descendait avec la mer . .
.
- Ha, ha, ha!
- Il remontait avec la mer . .
.
- Ha, ha, ha!
- Je lui dis:
- - Pourquoi riez-vous?
- Il me dit:
- - C'est le flux et le reflux . .
.
- Je lui dis:
- - Eh bien, quoi, le flux et le
reflux?
- Il me dit:
- - Le flux et le reflux me font
"marée"!
-
-
- En dernier
ressort
-
- Je connaissais un sportif qui
prétendait
- avoir plus de ressort que sa
montre.
- Pour le prouver, il a fait la
course
- contre sa montre.
- Il a remonté sa
montre,
- il s'est mis à marcher en
même temps qu'elle.
- Lorsque le ressort de la montre est
arrivé en bout de course,
- la montre s'est
arrêtée.
- Lui a continué,
- et il a prétendu avoir
gagné
- en dernier ressort!
-
-
- Parler pour ne rien
dire
-
-
- Mesdames et messieurs ... je vous
signale tout de suite que je vais
- parler pour ne rien dire.
- Oh! je sais!
- Vous pensez:
- <<S'il n'a rien à dire
... il ferait mieux de se taire!>>
- Evidemment! Mais c´est trop
facile! ... C´est trop facile!
- Vous voudriez que je fasse comme tout
ceux qui n´ont rien à
- dire et qui le gardent pour
eux?
- Eh bien, non! Mesdames et messieurs,
moi, lorsque je n´ai rien à dire,
- je veux qu´on le
sache!
- Je veux en faire profiter les
autres!
- Et si, vous-mêmes, mesdames et
messieurs, vous n´avez rien à dire,
- eh bien, on en parle, on en
discute!
- Je ne suis pas ennemi du
colloque.
- Mais, me direz-vous, si on en parle
pour ne rien dire, de quoi
- allons-nous parler?
- Eh bien, de rien! De
rien!
- Car rien ... ce n´est pas
rien
- La preuve c´est qu´on peut
le soustraire.
- Exemple:
- Rien moins rien = moins que
rien!
- Si l´on peut trouver moins que
rien c´est que rien vaut déjà
- quelque chose!
- On peut acheter quelque chose avec
rien!
- En le multipliant
- Un fois rien ... c´est
rien
- Deux fois rien ... ce n´est pas
beaucoup!
- Mais trois fois rien! ... Pour trois
fois rien, on peut déjà acheter
- quelque chose ... et pour pas
cher!
- Maintenant, si vous multipliez trois
fois rien par trois fois rien:
- Rien multiplié par rien =
rien.
- Trois multiplié par trois =
neuf.
- Cela fait rien de neuf!
- Oui ... Ce n´est pas la peine
d´en parler!
- Bon! Parlons d´autres choses!
Parlons de la situation, tenez !
- Sans préciser
laquelle!
- Si vous le permettez, je vais faire
brièvement l´historique de la
- situation, quelle qu´elle
soit!
- Il y a quelques mois, souvenez-vous
la situation pour n´être pas
- pire que celle
d´aujourd´hui n´en était pas meilleure
non plus!
- Déjà, nous allions vers
la catastrophe et nous le savions ...
- Nous en étions
conscients!
- Car il ne faudrait pas croire que les
responsables d´hier étaient
- plus ignorants de la situation que ne
le sont ceux d´aujourd´hui!
- Oui! La catastrophe, nous le
pensions, était pour demain!
- C´est-à-dire qu´en
fait elle devait être pour aujourd´hui!
- Si mes calculs sont
justes!
- Or, que voyons-nous
aujourd´hui?
- Qu´elle est toujours pour
demain!
- Alors, je vous pose la question,
mesdames et messieurs:
- Est-ce en remettant toujours au
lendemain la castastrophe que nous
- pourrions faire le jour même
que nos l´éviterons? D´ailleurs
je,
- vous signale entre parenthèses
que si le gouvernement actuel n´est
- pas capable d´assurer la
catastrophe, il est possible que
- l´opposition s´en
empare!
-
-
- Tout va trop
vite
-
- Vous avez remarqué comme les
gens marchent vite
- dans la rue? . . .
- Il y a quelques jours,
- je rencontre um monsieur que je
connaissais,
- je vais pour lui serrer la
main,
- le temps de faire le geste . .
.
- il était
passé!
- Eh bien j'ai serré la main
à un autre monsieur
- qui, lui, tendait la sienne à
un ami
- qui était déjà
passé depuis dix minutes.
-
-
- Le visage en
feu
-
- J'arrive à un
carrefour,
- le feu était au
rouge.
- Il n'y avait pas de
voitures,
- je passe!
- Seulement, il y avait
- un agent qui faisait le
guet
- Il me siffle.
- Il me dit
- - Vous êtes passé au
rouge!
- - Oui ! Il n'y avait pas de
voitures!
- - Ce n'est pas une
raison!
- Je dis:
- - Ah si! Quelquefois, le feu est au
vert . . .
- Il y a des voitures et .
.
- je ne peux pas passer!
- Stupeur de l'agent!
- Il est devenu tout rouge.
- Je lui dis:
- - Vous avez le visage en
feu!
- Il est devenu tout vert!
- Alors, je suis
passé!
-
-
- Retour
-
-
-
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Last modified: 21-Mar-00