LANGUE ET CULTURE FRANÇAISES II

Test du 17 juin 1998

Répondez à quatre questions, à votre choix:



1. Justifiez l’admiration de Voltaire pour le “Grand Siècle”, d’après le texte suivant:

Il y a longtemps que j'ai rassemblé quelques matériaux pour faire l'histoire du siècle de Louis XIV. Ce n'est point simplement la vie de ce prince que j'écris, ce ne sont point les annales de son règne, c'est plutôt l'histoire de l'esprit humain, puisé dans le siècle le plus glorieux à l'esprit humain. […]A l'égard des arts et des sciences, il n'est question, je crois, que de tracer la marche de l'esprit humain en philosophie, en éloquence, en poésie, en critique; de marquer les progrès de la peinture, de la sculpture, de la musique, de l'orfèvrerie, des manufactures de tapisseries, de glaces, d'etoffes d'or, de l'horlogerie. Je ne veux que peindre, chemin faisant, les génies qui ont excellé dans ces parties. Dieu me préserve d'employer 300 pages à l'histoire de Gassendi! La vie est trop courte, le temps trop précieux, pour dire des choses inutiles.

Lettre de Voltaire à l'abbé Dubos (30 octobre 1738)



2. Les progrès des sciences au XVIIº siècle



3. L’importance historique de l’Edit de Fontainebleau, d’après le texte suivant:

Après Henri le Grand, Louis XIII ne reconnut pas moins les raisons et la justice de l’Édit. Et quoique, dans la suite de son règne, il fût survenu divers troubles, il ne laissa pas de confirmer toujours l’Édit, dans toutes les occasions qui se présentèrent. Votre Majesté, Sire, qui remplit aujourd’hui avec tant de grandeur et d’éclat le trône de ses ancêtres, n’en a pas moins fait. Elle a confirmé le même Édit. De sorte, Sire, que les suppliants peuvent dire avec raison et avec confiance que, vivant sous le bénéfice de l’Édit de Nantes, ils vivent sous la foi sacrée des rois vos prédécesseurs et, ce qui doit leur donner beaucoup plus de sûreté, sous la foi royale de Votre Majesté elle-même, sous la foi publique de son État. C’est là, Sire, ce que les suppliants ont cru devoir poser d’abord comme le fondement de leur droit

Requête des Protestants au Roi Louis XIV, janvier 1685




4. Commentez l’affirmation suivante:

Après moi, le déluge” (Louis XV, en mourant)



5. Décrivez la naissance de l’Assemblée Constituante.



6. Dans quelle mesure le personnage de Don Juan est-il le reflet de la noblesse de son époque?



7. Les origines du pessimisme voltairien.






8. Commentez le texte suivant:

Qu'il soit défendu d'attenter à la liberté de tout citoyen sinon en vertu d'un décret légalement décerné et que toutes lettres de cachet, ordres de gouvernement et autres soient abolis. Qu'il ne soit plus permis aux Cours souveraines de se réserver, soit par évocation ou autre motif, l'instruction d'ancienne affaire soit civile ou criminelle. Que les degrés de juridiction soient partout réduits à deux: que l’instruction et le premier jugement soient accordés aux juges royaux et les appels aux Tribunaux souverains.
Qu'il soit procédé à la réforme des lois civiles et des formes judiciaires de manière à simplifier les procédures, à en abréger les lenteurs, à en diminuer les frais, à faciliter et accélérer la reddition des jugements.
Qu'il soit procédé aussi à la réforme du code pénal et de la procédure criminelle, de manière que l'instruction soit publique, que les accusés puissent être défendus, qu'aucun juge ne puisse seul faire l'instruction ni prononcer seul un décret de prise de corps, que la confiscation des biens et ces supplices cruels qui ne font qu'ajouter à la peine de mort des tourments inutiles et révoltants dans nos mœurs soient abolis.

Cahier Général de Rouen (1789)




9. Commentez le texte suivant::

SGANARELLE […] Il faut avouer qu’il se met d'étranges folies dans la teste des hommes, et que pour avoir bien estudié on en est bien moins sage le plus souvent; pour moy, Monsieur, je n'ay point estudié comme vous, Dieu mercy, et personne ne sçauroit se vanter de m'avoir jamais rien appris, mais avec mon petit sens, mon petit jugement, je voy les choses mieux que tous les livres, et je comprens fort bien que ce monde, que nous voyons, n'est pas un champignon qui soit venu tout seul en une nuict. Je voudrois bien vous demander qui a fait ces arbres-là, ces rochers, cette terre, et ce Ciel que voilà là-haut, et si tout cela s'est basty de luy-mesme; vous voilà vous par exemple, vous estes là; est-ce que vous vous estes fait tout seul, et n'a-t-il pas fallu que vostre pere ait engrossé vostre mere pour vous faire? pouvez-vous voir toutes les inventions, dont la machine de l'homme est composée, sans admirer de quelle façon cela est ageancé l'un dans l'autre? ces nerfs, ces os, ces veines, ces arteres, ces... ce poumon, ce coeur, ce foye, et tous ces autres ingrediens qui sont là et qui... oh dame, interrompez-moy donc si vous voulez, je ne sçaurois disputer si l'on ne m'interrompt, vous vous taisez exprés, et me laissez parler par belle malice.
D. JUAN J'attends que ton raisonnement soit finy.
SGANARELLE Mon Raisonnement est qu'il y a quelque chose d'admirable dans l'homme quoy que vous puissiez dire, que tous les sçavans ne sçauroient expliquer […]
Molière, Dom Juan, Acte III, scène 1



10. Commentez le texte suivant:

Depuis environ trente ans, vos principaux ministres ont ébranlé et renversé toutes les anciennes maximes de l’Etat, pour faire monter jusqu‘au comble votre autorité, qui était devenue la leur, parce qu’elle était dans leurs mains. On n’a plus parlé de l’Etat ni des règles; on n’a parlé que du roi et de son bon plaisir. On a poussé vos revenus et vos dépenses à I ‘infini. On vous a élevé jusqu’au ciel, pour avoir effacé, disait-on, la grandeur de tous vos prédécesseurs ensemble, c‘est-à-dire, pour avoir appauvri la France entière, afin d’introduire à la Cour un luxe monstrueux et incurable. Ils ont voulu vous élever sur les ruines de toutes les conditions de I'Etat; comme si vous pouviez être grand en ruinant tous vos sujets, sur qui votre grandeur est fondée. Il est vrai que vous avez été jaloux de I'autorité, peut-être même trop dans les choses extérieures; mais pour le fond, chaque ministre a été le maître de I'étendue de son administration. Vous avez cru gouverner, parce que vous avez réglé les limites entre ceux qui gouvernaient. lls ont bien montré au public leur puissance, et on ne l'a que trop sentie. Ils ont été durs, hautains, injustes, violents, de mauvaise foi. Ils n‘ont connu d‘autre règle, ni pour I‘administration du dedans de l’Etat, ni pour les négociations étrangères, que de menacer, que d‘écraser, que d‘anéantir tout ce qui leur résistait. Ils ne vous ont parlé, que pour écarter de vous tout mérite qui pouvait leur faire ombrage. Ils vont ont accoutumé à recevoir sans cesse des louanges outrées qui vont jusqu’à l’idolâtrie, et que vous auriez dû, pour votre honneur, rejeter avec indignation. On a rendu votre nom odieux, et toute la nation française insupportable à tous nos voisins.
Fénelon, Lettre au Roi (1693)


FIN





Notez bien: - La note attribuée tiendra compte à la fois de la justesse de la réponse (50%) et de la correction de l’expression (50%).
-Toutes les questions valent cinq points.
-Si plus de quatre questions sont traitées, seules les quatre premières par ordre d’apparition seront corrigées.
-Les numéros attribués aux questions doivent être impérativement conservés; dans le cas contraire, la correction ne sera pas effectuée.

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Last modified: 21-Mar-00