Citations diverses

L'écrivain original n'est pas celui qui n'imite personne, mais celui que personne ne peut imiter. (Chateaubriand, Le Génie du christianisme.)

Les écrivains qui n'aiment pas Victor Hugo me sont ennuyeux à lire, même quand ils n'en parlent pas. (Jules Renard, Journal.)

Tout homme qui écrit un livre est mû par trois raisons : premièrement l'amour-propre, autrement dit le désir de la gloire ; secondement, le besoin de s'occuper ; et, en troisième lieu, l'intérêt pécuniaire. Selon l'âge et les circonstances, ces trois mobiles varient et prennent dans l'esprit de l'auteur la première ou la dernière place ; mais ils n'en subsistent pas moins. (Alfred de Musset.)

Dans toute langue on observe un décalage entre la pensée et l'expression. Cet écart, le français tend à le réduire au minimum, en serrant toujours de plus près son ajustement à la pensée. (Albert Dauzat, Le Génie de la langue française.)

Le français, ce sont les grandes orgues, qui se prêtent à tous les timbres, à tous les effets, des douceurs les plus suaves aux fulgurances de l'orage. Il est, tour à tour ou en même temps, flûte, hautbois, trompette, tam-tam et même canon. (Léopold Senghor, Éthiopiques.)

Le français n'est pas un don gratuit du libre-échange et du laisser-aller. Il dut constamment se défendre contre la corruption, et surtout depuis que chacun, sous le prétexte fallacieux qu'il sait lire, s'arroge sur le patrimoine ancestral tous les droits, y compris celui de le dilapider. (Étiemble.)

On ne la trouve pauvre, cette vieille et admirable langue, que quand on ne la sait pas ; on ne prétend l'enrichir que quand on ne veut pas se donner la peine de connaître sa richesse. (Ernest Renan.)

Contre l'esthétisme ou l'indifférence, élevons des barrières de technique. Contre l'obscurantisme et la superstition, dressons des autels à la virtuosité. À la gratuité générale opposons la cherté absolue. Soyons exacts jusqu'à la douleur. (Jacques Drillon, Traité de la ponctuation française.)

La langue est une raison humaine qui a ses raisons, et que l'homme ne connaît pas. (Claude Lévi-Strauss, La Pensée sauvage.)

Sans ce que les savants appellent avec dédain la langue écrite ou littéraire, il n'existerait plus depuis belle lurette de langage transmissible, ni en France ni ailleurs. (André Thérive, Libre Histoire de la langue française.)

Un proverbe est plus qu'un cliché, c'est un cliché canonisé par une sorte de concile du populaire, tandis que le cliché, lui, n'est encore qu'une façon de bienheureux Labre de la langue française. (Lucien Rigaud, Dictionnaire des lieux communs.)

Ah ! ah ! dit don Manoel en portugais. (Alexandre Dumas, Le Collier de la reine.)

Ce n'est pas un crime de savoir plusieurs langues, c'est plutôt un malheur. (Jean Paulhan, De la paille et du grain.)

La difficulté d'écrire l'anglais m'est extrêmement ennuyeuse. Ah, mon Dieu ! si l'on pouvait toujours écrire cette belle langue de France ! (Charles Dickens, Lettre à John Foster, écrite en français.)

Le mec qui a inventé l'anglais, même si on s'en fout c'est quand même du boulot. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Les écrivains qui savent le plus de langues sont ceux qui commettent le plus d'impropriétés. (Rivarol, Discours sur l'universalité de la langue française.)

C'est elle... Dieux, que je suis aise !
Oui... c'est... la bonne édition ;
Voilà bien, pages neuf et seize,
Les deux fautes d'impression
Qui ne sont pas dans la mauvaise.
(Robert Pons de Verdun, Le Bibliomane.)

C'est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule. (La Bruyère, Les caractères.)

Des morts sont ressuscités, et ils ont écrit des livres.
&endash; Pas besoin d'être mort pour ça. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

J'ai la maladie de faire des livres, et d'en être honteux quand je les ait faits. (Montesquieu.)

J'ai un honnête homme de mes amis qui a fait de belles notes sur Monta[i]gne. Je suis sûr qu'il croit avoir fait les Essais. Lorsque je le loue devant lui, il prend un air modeste, et me fait une petite révérence, et rougit un peu. (Montesquieu, Mes pensées.)

J'aime pas lire, pendant une heure tu regardes un bout de papier, non vraiment j'aime pas lire. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous les livres. (Mallarmé, « Brise marine ».)

L'écrivain qui a le Goncourt, c'est comme si il gagnait au Loto, sauf qu'en plus faut écrire un livre. C'est chiant comme jeu. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Les livres ont les mêmes ennemis que l'homme : le feu, l'humide, les bêtes, le temps ; et leur propre contenu. (Paul Valéry, Tel Quel.)

« Chaise » est dans le dictionnaire, comme si on savait pas ce que c'est ! (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Et qui ne croirait, à première vue, que l'adjectif inétonnable est dû à quelqu'un de ces audacieux que le puriste déclare sans foi ni loi à l'égard de la langue ? Eh bien, non, il est de Malherbe, sans parler d'ineffrayable, qui est aussi de lui. (Émile Littré, Préface au « Supplément » du Dictionnaire de la langue française.)

L'Académie a un grand malheur, c'est d'être la seule corporation un peu durable qui n'ait jamais cessé d'être ridicule. (Alfred de Vigny, Journal intime.)

Le mot capitaine, par exemple, écrit dans mon dictionnaire gabidaine sera dès lors prononcé par le jeune Prussien aussi purement que par le même Batignollais. (Alphonse Allais, Ne nous frappons pas.)

Les dictionnaires ont trop d'images, ça fait pas sérieux comme cadeau. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur. (Paul Claudel, Positions et Propositions.)

Un bon dictionnaire, pas besoin de le changer tous les ans... (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Les accents ne sont-ils pas comme des adieux, les dernières notations musicales de notre alphabet déchiré ? C'est par eux, par ces touches sonores qui se posent sur les lignes que nos livres relèvent encore de la musique. (Jérome Peignot, De l'écriture à la typographie.)

Naturellement un prote a fait du zèle et cru devoir remettre au féminin « le couleur de rose » ; que j'avais pourtant indiqué à deux reprises. (André Gide, Journal.)

On appelle copie, par une singulière altération du véritable sens de ce mot, par une sorte d'antiphrase, l'original, soit imprimé, soit manuscrit, qui sert de modèle pour la composition. Du reste, ce mot de vieille date nous fait connaître que l'imprimerie recevait jadis des manuscrits mis au net. (Henri Fournier, Traité de la typographie.)

Un célèbre docteur avait écrit un ouvrage plein de science et de sympathie sur le sort et le traitement des aliénés, ces pauvres corps sans âme. À la fin de la dernière épreuve il calligraphie (de la belle écriture ordinaire à messieurs les docteurs) cette note : À mon avis il faudrait guillemeter tous les alinéas, puis la renvoie avec les mots sacramentels : bon à tirer. Quelques jours plus tard il reçoit son volume, le caresse de l'oeil, le parcourt, satisfait, plein dun légitime orgueil, in petto adresse mille compliments à l'imprimeur, quand au dernier feuillet, ô horreur ! entre deux filets ornés il lit comme conclusion : À mon avis il faudrait guillotiner tous les aliénés. (J. Leforestier, Manuel pratique et bibliographique du correcteur.)

Un imprimeur de Paris avait fait une tragédie sainte, intitulée Josuée. Il l'imprima avec tout le luxe possible, et l'envoya au célèbre Bodoni, son confrère, à Parme. Quelque temps après, l'imprimeur-auteur fit un voyage en Italie ; il alla voir son ami Bodoni : « Que pensez vous de ma tragédie de Josué ? &endash; Ah ! que de beautés &endash; Il vous semble donc que cet ouvrage me vaudra quelque gloire ? &endash; Ah ! cher ami, il vous immortalise. &endash; Et les caractères, qu'en dites-vous ? &endash; Sublimes et parfaitement soutenus, surtout les majuscules. (Stendhal, Racine et Shakespeare.)

« Confier sa peine au papier. » Drôle d'idée. Origine de plus d'un livre, et de tous les plus mauvais. (Paul Valéry, Mauvaises Pensées et autres.)

Prendre par le cou l'idée fuyante et lui écraser le nez sur le papier. (Jules Renard, Journal.)

Comment ? Qu'est-ce que tu dis ? Qu'un seul point d'exclamation est insuffisant, compte tenu de la gravité de la chose ? Tu as raison. Tiens, en voilà d'autres, rajoute ce que tu jugeras utile : ! ! ! !!!!!!!!!!!!!!! (San-Antonio, Al Capote.)

Les virgules, les points-virgules, les accents, je mélange tout. Je m'en fous, à la télé y a pas de virgules. (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Le tiret, par son allure, a quelque chose d'élégant. [...] Il n'a pas, comme sa congénère la parenthèse, le profil bedonnant qui vous arrête au passage. (Jules Denis, Grammaire typographique.)

Virgules bleues ; points blancs ; points d'exclamation jaunes ; tirets gris ; deux points mauves... Mauve : couleur qui ne commence ni ne finit ; barrière à claire-voie entre les teintes ; nuance flottante par excellence ; bac des teintes. (Malcolm de Chazal, Sens plastique.)

J'ai fait de temps en temps de médiocres vers ; c'est un exercice assez bon pour se rompre aux inversions élégantes, et apprendre à mieux écrire en prose. (Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.)

« Je ne redoute point le courroux des dieux », tu te rends compte, avant les mecs parlaient comme ça, les cons ! (J.-M. Gourio, Brèves de comptoir.)

Le style, c'est l'oubli de tous les styles. (Jules Renard, Journal.)

Le style n'est que l'ordre et le mouvement qu'on met dans ses pensées. (Buffon, Discours sur le style.)

Les vraies parties du style sont : les manies, la volonté, la nécessité, les oublis, les expédients, le hasard, les réminiscences. (Paul Valéry, Tel Quel.)

Que le rythme de ton coeur emporte tes écrits ! Le style, c'est l'âme ! (Romain Rolland, Jean-Christophe.)

Renoncer absolument aux phrases longues, qu'on devine plutôt qu'on ne les lit. (Jules Renard, Journal.)

Si on reconnaît « mon style », c'est parce que je fais toujours la même chose, hélas ! (Jules Renard, Journal.)

Tout auteur qu'on est obligé de lire deux fois pour l'entendre écrit mal. (Sainte-Foix, Essais historiques sur Paris.)

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Last modified: 21-Mar-00